Je n'ai pas tant voyagé que cela mais ce passage de frontière est pour l'instant le plus original, le plus agréable et le plus "cool" qu'il m'ait été donné d'expérimenter.
Mais reprenons du départ. J'étais donc à Chau Doc. J'ai décidé de me simplifier le passage de la frontière en passant par une agence locale (je payais tout jusqu'à Phnom Penh; j'ai trouvé que c'était plus pratique de cette façon plutôt que de négocier à chaque fois et surtout, je n'étais pas sûre de trouver un transport; je n'ai pas regretté ma décision); je n'étais pas la seule dans ce cas, d'ailleurs.
Avant les choses sérieuses, notre bateau a fait deux courtes escales pas très intéressantes dans les environs de Chau Doc.
D'abord, il s'est arrêté près de maisons flottantes sous lesquelles sont accrochées de larges nasses où sont élevés des poissons. Le propriétaire jette un peu nourriture aux poissons qui se battent et éclaboussent tout pendant quelques secondes pour amuser les touristes. Bof.
Le second arrêt était plus pathétique encore. Il s'agissait de la visite d'un village de la minorité Cham (musulmane). Mais, je déteste ce genre de village : on y ressent tellement l'influence du tourisme; c'est dramatique. On pouvait y voir quelques femmes tisser mais la plupart des habitants nous encerclait et tentait de nous vendre assez agressivement des babioles et autres tissus.
Je ne peux pas condamner leur attitude; après tout, ce sont nous les intrus; c'est à cause de nous - les touristes - qu'ils sont devenus ainsi.
En fait, j'ai un réel problème quand je voyage : j'ai toujours un sentiment de malaise qui m'accompagne. Vous avez peut-être remarqué que je n'ai guère de photos de personnes; c'est parce que je répugne vraiment à photographier les gens. Lorsque je me rends dans un village touristique ou pas, que j'observe les habitants, que je les prends en photo alors qu'il vaquent à leurs occupations quotidiennes; j'ai l'impression de me comporter comme si j'étais dans un zoo.
Je veux dire : je déteste que l'on me prenne en photo même si on me demande mon accord alors que je ne fais rien de spécial. En effet, je ne supporte pas que des Chinois veuillent me prendre en photo alors que je ne fais rien d'autre que me promener dans la rue, par exemple, et que je ne les connais pas. Alors, pourquoi agirais-je de la même façon envers les autres ? Avez-vous jamais considéré cet aspect des choses ? Apprécieriez-vous d'être pris en photo par un(e) inconnu(e) pendant que vous faites la vaisselle ou que vous vous lavez les cheveux ? Cependant, malgré mon aversion, j'avouer succomber à la tentation et surtout au Cambodge et au Laos, vous allez voir plus de photos de personnes. Mais, en général, pas de portraits. Les pseudos touristes-photographes-amateurs-mais-qui-se-la-jouent-professionnels me sortent par les yeux. Je ne les supporte pas lorsqu'ils se plantent devant les habitants en leur braquant leur appareil sous le nez; je me sentirais aussi agressée que si l'on me pointait un revolver sur la tempe. Cela dit, prendre des photos de loin avec le zoom comme je le fais est-ce plus excusable ? Je reconnais que non. Alors, tant pis, je continuerai de voyager avec en bandoulière mon appareil photo et mon sentiment de culpabilité....
Bref, tout cela pour dire que ce village était plus que décevant; c'était plus un arrêt shopping qu'autre chose. J'ai réussi à m'échapper deux minutes du village pour me rendre sur la route principale et prendre la mosquée en photo.
Nous avons repris le bateau cette fois-ci pour de bon; direction le Cambodge ! En cours de route, notre accompagnatrice a récupéré nos passeports, une photo, les papiers et l'argent pour le visa (20 dollars + 2 pour le service) et peu après, elle a débarqué nous donnant rendez-vous à la frontière vietnamienne avec nos passeports tamponnés et avec le visa cambodgien. Nous espérions bien que ce soit le cas !
Vers 11h, nous avons atteint un batiment sur pilotis qui servait de poste frontière vietnamien. Nous y avons débarqué et avons atttendu un certain temps. Notre accompagnatrice est bientôt revenue avec nos passeports tamponnés et le visa; mais nous avons dû patienter encore. Un autre groupe de touristes a débarqué et, finalement, vers 13h30, nous sommes tous montés à bord du même bateau (plutôt une grande barque avec un banc en bois bien dur, une heure ça va, au bout de 4h, on ne sait plus dans quelle position se mettre).
Quelques dizaines de mètres plus loin, petit arrêt pour faire tamponner notre visa par les autorités cambodgiennes (sur la photo, c'estl'embarcadère côté cambodgiens); nous étions les seuls à traverser la frontière; donc les formalités ont été rapides. Ensuite, nous avons repris notre bateau qui n'a plus fait aucun arrêt jusqu'à la fin.
L'après-midi s'est donc déroulé très tranquillement à observer les rives du Mékong et les scènes de vie quotidienne que les Cambodgiens nous offraient : femmes se baignant (vêtues, bien sûr); enfants (nus souvent) jouant dans l'eau; buffles; pêcheurs,...
J'ai vraiment senti que je changeais de pays lorsque j'ai aperçu un temple. Son architecture était complètement différente de tous les édifices religieux que j'avais aperçus au Vietnam. Ici, on échappait (enfin ! lol) à l'influence sinophone. Les temples m'ont tout de suite fait penser à ceux que j'avais visités en Thaïlande il y a plusieurs années. Il faut dire que le bouddhisme en Thaïlande, au Cambodge et au Laos (le "petit véhicule") n'est pas le même qu'au Vietnam (le "grand véhicule"); ce qui explique aussi les différences architecturales.
Vers 17h30, nous avons débarqué mais nous étions encore loin de Phnom Penh. Deux mini-vans nous attendaient pour nous conduire dans la capitale cambodgienne. Il n'a pas fallu longtemps pour s'apercevoir que le Cambodge est plus pauvre et moins développé que le Vietnam : circulation beaucoup moins intense et pour cause, beaucoup moins de véhicules, moins de motos mais plus de transports collectifs tels que les tuk-tuk.
Arrivée de nuit dans la capitale vers 19h. On n'a pas l'impression d'être dans une capitale mais une petite ville de province assez tranquille somme toute dès que l'on quitte le quartier touristique. Peut-être parce que justement c'était plus paisible, j'ai tout de suite senti que le Cambodge me plairait. Et puis, je me sentais beaucoup plus dépaysée que le Vietnam : par exemple, en Chine ou au Vietnam, on ne voit pas de moines en robe safran circuler en ville !
Je crois que si j'ai préféré le Cambodge et le Laos, c'est justement pour ce côté dépaysant, exotique par rapport au Vietnam qui me rappelait tellement la Chine. Je peux comprendre que quelqu'un qui ne connaisse pas l'Asie et qui débarque au Vietnam puisse être enthousiasmé, déconcerté et aimer le pays; mais j'ai remarqué que les voyageurs qui ont déjà parcouru un peu l'Asie apprécient généralement moins le Vietnam que les autres pays. Pour moi, le Vietnam, c'était la Chine en moins bien. Au Vietnam, j'ai eu le sentiment qu'il n'y avait rien que je n'eu déjà vu en Chine (excepté le delta du Mekong). Ce n'est que mon avis, bien sûr, mais cela explique mes impressions mitigées au sujet du Vietnam.