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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 05:46

Alors que les Chinois célèbrent la fête du printemps en janvier/février; les Japonais ont une fête traditionnelle qui célèbre également l'arrivée du printemps (selon le calendrier lunaire). C'est la fête de Setsubun qui a lieu chaque année le 3 février.


"Setsubun" désigne littéralement les nœuds du bambou qui séparent chaque section du tronc. Ces sections symbolisant une saison, le "setsubun" est le moment charnière du passage d'une saison à l'autre. Il existait donc autrefois quatre fêtes de "setsubun", dont seule celle du « commencement du printemps » (risshun) est encore célébrée de nos jours.

 

Setsbun correspond plus précisément  au jour précédant le premier jour du printemps (risshun) dans l’ancien calendrier lunaire. C’est donc la veille du renouveau, l’occasion de se plier à des rituels de purification des maux de l’année passée, d’éloigner les mauvais esprits pour l’année à venir et d’attirer la chance.

 

Cette fête tire ses origines d'une tradition chinoise introduite au Japon au 8ème siècle qui avait pour but de chasser les démons. C’est au 13ème siècle que le rituel du lancer de haricots (mamemaki) est associé à Setsubun.

 

De nos jours, les Japonais célèbrent Setsubun à la maison. La tradition de "mamemaki" consiste à lancer des haricots de soja grillés par la fenêtre en criant « Oni wa soto ! Fuku wa uchi ! » c’est-à-dire « Dehors les démons ! Dedans le bonheur ! » Ainsi, on chasse le mal incarné par les démons et on attire la bonne fortune. Ensuite, on mange le nombre de haricots correspondant à son âge.

 

De plus en plus, Setsubun est célébrée dans les temples plutôt qu’à la maison. Dans certains temples bouddhistes et sanctuaires shintô, il s’agit d’une grande célébration durant laquelle prêtres et invités lancent des haricots. Si à Tôkyô, il est coutume de faire appel à des célébrités (hommes politiques, sumos, stars de la télé...) pour les lancer, à Kyôto se sont les geiko qui sont à l'honneur.

 

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C'est ce qu'on a eu l'occasion de voir au sanctuairen shintô de Yasaka à Kyôto. Les geiko (ou maiko ?) ont exécuté une danse traditionnelle puis ensuite des prêtres et des personnages très maquillés ont lancé les haricots.

 

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Nous étions avalés par la foule qui criait et agitait frénétiquement les bras pour tenter d'en attraper quelques uns. Mon copain et moi sommes repartis bredouilles. En fait, l'événement n'a pas duré longtemps, une quinzaine de minutes; et pourtant, nous étions plusieurs centaines de personnes rassemblées dans l'enceinte du sanctuaire. Nous étions un peu loin et mal placés mais c'était sympa.

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11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 10:08

Il y a dix ans (déjà !), j'avais fait une petite excursion à Arashiyama, quartier touristique au pied des montagnes à l'ouest de Kyôto. J'en gardais un souvenir extrêmement paisible et bucolique. Le week-end, c'est moins calme, même en hiver. Toutefois, j'ai retrouvé la même plaisante atmosphère. 

 

Durant la période d'Heian (794-1192), Arashiyama était la destination de promenade favorite de la cour impériale. Aujourd'hui, c'est un quartier avec de très élégantes maisons, de magnifiques temples et de très jolies forêts de bambous - sans compter les innombrables cafés, restaurants et magasins de souvenirs. Les ruelles un peu à l'écart de la rue principale sont absoulment charmantes et possèdent une atmosphère unique.

 

Nous avons pris le train depuis la gare de Kyôto jusqu'à celle de Saga-Arashiyama; on y est en une demi-heure. De là, nous avons loué un vélo pour la journée. Les sites ne sont pas trop éloignés les uns des autres et c'est tout à fait faisable à pied mais puisque nous voulions nous promener sans nous fixer de réel but et nous arrêter au gré de nos envies, la bicyclette nous semblait être la meilleure option.

 

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Nous avons tout d'abord visité le Daikaku-ji. C'est l'un des plus anciens temples de Kyôto. Cet ensemble d'édifices a d'abord été un des palais de l'empereur Saga il y a 1200 ans environ. 30 ans après sa mort, ce palais a été transformé en temple. Les bâtiments originaux ont été détruits et ceux que l'on peut voir aujourd'hui ont été reconstruits à l'époque d'Edo (après 1600), dont certains dans le style "shinden-zukuri", c'est-à-dire dans le style des palais et villas aristocratiques de l'époque d'Heian (794-1185).

 

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Il a joué un rôle important dans de nombreux événements historiques. Ainsi, de nombreux empereurs retirés ont gouverné depuis ce lieu et, au 12ème siècle, c'est dans ce temple que ce sont tenus les pourparlers de paix après 50 ans de guerre civile entre les cours impériales du nord et du sud. Le Daikaku-ji apparaît également dans le "Dit du Genji" (Genji Monogatari; 11ème siècle), le premier roman psychologique du monde.

 

Le Daikaku-ji comporte plusieurs bâtiments dont les portes coulissantes sont ornées de peintures, connectés entre eux par une galerie en bois.

 

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Le "plancher rossignol" des galeries couvertes émet un grincement, comme au château Nijô à Kyôto, lorsque vous posez le pied dessus, quelle que soit la légereté de votre pas. En fait, les lames en bois du plancher sont assemblées avec de fines lames de métal de telle façon que quiconque les foule déclenche un crissement rappelant le chant d'un oiseau. Ingénieuse idée pour repérer les éventuels ennemis qui voudraient se glisser subrepticement dans le palais...

 

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Nous sommes remontés sur notre vélo et avons roulé vers l'ouest. Nous avons fait une brève halte au Seiryô-ji. Il est important sur le plan religieux car il contient une statue en bois (1,62 m) de Shaka - l'un des trois bouddhas les plus importants- désignée Trésor national du Japon.

 

 

http://www.bouddhisme-universite.org/sites/default/files/images/Buddha-Seiryoji-987.jpgLa valeur de cette statue tient d'abord à son histoire compliquée. En effet, elle a été commandée par un roi indien très pieux ; plus tard, elle est arrivée en Chine. En 985, un moine japonais en a fait faire une copie en Chine et l'a apportée au Japon. Elle a été vénérée dès lors en tant que « bouddha Shaka venant de trois pays » (Inde, Chine et Japon).

 

Cette statue est également différente esthétiquement de celles existant au Japon à cette époque. Par exemple, elle a des morceaux de crystal dans le conduit auditif. D'ailleurs, elle est à l'origine de nombreuses répliques et a donné naissance à un "style Seiryô-ji".

 

Enfin, cette statue renfermait la reproduction en soie de cinq des organes principaux. Ils avaient la forme et la grosseur des vrais organes. On croit que ces reproducions en soie sont les plus anciennes de leur genre dans le monde.

 

 

 

 

 

Nous sommes remontés sur notre deux-roues et avons poursuivi toujours vers l'ouest en grimpant une petite côte qui nous a menés à un temple unique en son genre : le Otagi Nenbutsu-ji.

 

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Il est connu pour ses 1200 petites statues de "rakan", disciples du bouddha Shaka, commandées par des gens de toutes les régions du Japon entre 1981 et 1991. Chaque statue exprime une expression différente et certaines sont vraiment curieuses.

 

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Nous avons descendu la côte  par une autre rue qui a conservé le style de la période Meiji (1868-1912). La plupart de ses édifices sont d'anciennes "machiya" (maison de bourg), en bois évidemment, qui servaient de logement et d'atelier. Aujourd'hui, beaucoup ont été reconverties en restaurants et boutiques de souvenirs.

 

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Une des boutiques m'a bien plu. Il s'agit d'un magasin dont les objets tous artisanaux sont fabriqués à partir  de cocons de soie.

 

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La propriétaire était absolument charmante : elle nous a offert du thé vert et des wagashi (sucreries japonaises traditionnelles) tout en nous donnant des explications intéressantes. En effet, le cocon est un élément important pour Kyôto parce que les artistes fabriquent avec celui-ci des fils de soie, qui sont ensuite utilisés pour tisser les kimono. Elle nous a ainsi dit que 1,8km de fil peut être produit à partir d’un cocon et que 9000 cocons sont nécessaires pour fabriquer un kimono. Dans ce magasin, les cocons sont pour créer de charmantes petites figurines, extrêmement diversifiées.

 

http://ts3.mm.bing.net/th?id=H.4847546152257510&pid=15.1

http://ts2.mm.bing.net/th?id=H.4971726531395825&pid=15.1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au bout de cette ruelle, nous avons fait une pause dans un autre temple : le Adashino Nenbutsu-ji.

 

On dit que ce temple aurait été fondé au 8ème siècle par Kûkai (ou Kôbô Daishi), fondateur de l'école Shingon, l'une des branches du bouddhisme au Japon.

 

Des rites funéraires étaient accomplis depuis longtemps déjà dans ce quartier, Adashino. Par la suite, les villageaois ont commencé à prier devant des statuettes bouddhiques en pierre symbolisant l'esprit des morts. Elles étaient dispersées un peu partout et cachées dans des bosquets de bambous. Il y a une centaine d'années, elles ont été découvertes et rassemblées dans l'enceinte de ce temple. On en compte plus de 8000, alignées autour d'un stupa et d'une statue de Bouddha en pierre. Cette disposition est une représentation des êtres célestes écoutant les paroles de Bouddha au paradis. Aucune trace n'a été retrouvée quant à la personne à qui était dédiée chaque statuette. En général, seuls les aristocrates avaient droit à une tombe dans le passé.

 

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La nuit du 23 août tous les ans, plus de 1000 bougies sont offertes en offrande à ces statuettes. Il paraît que c'est comme si elles flottaient au milieu des vagues de la lueur des bougies.

 

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Nous avons terminé notre visite en traversant une petite forêt de bambous pour accéder à un cimetière plus moderne.

 

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Remontés sur notre vélo, nous avons fait ensuite une étape au Gio-ji. Adorable petit temple, un peu à l'écart, sur les pentes d'une montagne, niché dans la forêt et les bambous. Avec sa tranquillité et son jardin de mousse, c'est tout à fait le genre de temple que j'aime.

 

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C'est un temple qui appartient lui aussi à l'école Shingon. Le bâtiment principal, reconstruit en 1985, dans lequel on peut voir une statue du bouddha Dainichi qui symbolise l'unité avec l'univers. Toutefois, son jardin est son plus beau bijou.

 

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Forcément, en hiver, les érables sont dépouillés de leurs feuilles... Mais, le jardin a tout de même beaucoup de charme et d'élégance.

 

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La fin de l'après-midi a été un peu décevante dans la mesure où nous n'avons pas pu visiter d'autres temples. Nous avons traversé une jolie de forêt de bambous pour arriver près du Tenryû-ji. Malheureusment, le temple, classé à l'Unesco, était en travaux. Certes, les jardins étaient ouverts au public (sans que le prix d'entrée soit réduit), mais il perdait tout de même de son intérêt.

 

IMGP4885Ensuite, nous avons traversé le célèbre pont Togetsukyo (littéralement "le pont qui traverse la lune"), c'est un peu le symbole d'Arashiyama. Il a été construit en bois pendant la période d'Heian (794-1185), puis rebâti dans les années 30. Avec les couleurs automnales comme arrière-plan, on imagine à quel point le paysage doit être joli. En hiver, c'est un peu plus sombre et monotone.

 

 

 

 

 

 

Nous avons bien roulé pour atteindre le Saihô-ji, plus connu sous le nom de Koke-dera, autrement dit "temple des mousses", classé à l'Unesco. Je rêvais d'y aller mais .... Il faut réserver ! En effet, pour préserver la nature de toute pollution et éviter l'afflux de touristes et donc de véhicules, l'accès est limité aux visiteurs qui ont fait une réservation. Nous nous sommes donc retrouvés bien déconfits devant l'entrée. Je me console en me disant que ce n'était pas la meilleure saison pour le visiter, cependant.... En même temps, comme nous n'avions cherché aucune information sur les sites avant de partir, c'était donc de notre faute.

 

P1080442Nous nous sommes donc repliés sur un temple voisin, le Jizô-in. Comme il est niché dans une abondante forêt de bambous, il est également surnommé "le temple des bambous". C'est un petit temple pas trop intéressant si ce n'est pour son cadre, fondé au 14ème siècle. Il a été l'un des lieux de culte des empereurs sur trois générations ce qui lui a permis de se développer; cependant, il a perdu de sa grandeur au fil des guerres.

 

 

 

Nous sommes retournés près de la gare d'Arashiyama pour rendre notre vélo. Pour repartir vers le centre de Kyôto, nous avons pris le train dans une autre gare tout proche, celle de Keifuku Arashiyama. Elle a été refaite par un célèbre designer industriel, Yasumichi Morita et, maintenant, elle est joliment décorée par une "forêt de kimono".

 

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En fait, il s'agit d'une multitude de mâts drapés de tissu "yuzen" (traditionnellement utilisé pour les kimono) illuminés de l'intérieur.

 

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Yasumichi Morita

Yasumichi Morita


 

C'est une excellente idée - comment conjuguer modernité et tradition - et, au crépuscule, c'est encore mieux !

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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 08:15

Nous n'avons passé que deux nuits à Kyôto; alors, nous ne pouvions pas tout voir.

 

Nous avons choisi notamment de revisiter les temples célèbres de l'est de Kyôto. Je les avais tous vus (ou presque), mais c'est avec un réel plaisir - et en dépit des averses - que je suis retournée sur ces lieux enchanteurs.

 

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Depuis la gare près de laquelle nous logions, nous avons pris un bus qui nous a menés près du Ginkaku-ji (temple du Pavillon d'Argent), classé à l'Unesco. Il a été bâti en 1482 pour servir de villa au shôgun Ashikaga Yoshimasa pour sa retraite. Il a été transformé en temple zen à sa mort en 1490. Son jardin est un bel exemple de "karesansui" (jardin sec ou de pierres).

 

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Le pavillon, dont le réel nom est le Kannon-den (Hall de Kannon, bodhisattva de la compassion), comporte deux niveaux et contient - donc - une statue de Kannon. Cependant, l'édifice n'est pas ouvert au public.

 

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Mais, au fait, d'où vient son nom puisqu'il n'est pas recouvert d'argent ? Plusieurs théories à ce sujet. L'une dit que les travaux ont été interrompus avant la fin. Une autre croit qu'il a été surnommé ainsi un siècle plus tard d'après le Kinkaku-ji (le temple du Pavillon d'Or) édifié par son grand-père. Enfin, la dernière - et la plus poétique, à mon avis - explique que son nom vient des nuances argentées que le bâtiment prenait la nuit lorsque la lune se reflétait sur ses murs sombres (à l'époque couverts de laque noire). Ah, l'esprit japonais...

 

Ce pavillon est l'un des deux seuls édifices qui n'a été touché ni par les incendies ni par les séismes. Bien sûr, il est rénové régulièrement.

 

 

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Ce temple est particulièrement célèbre un jardin de pierres et de sable. Le contraste entre les vagues, la "Mer de Sable d'Argent", et le Mt Fuji qui se détache est saisissant.

 

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Après avoir dépassé le Togudo, l'autre édifice qui date du 15ème siècle, qui n'est généralement pas ouvert au public non plus; on arrive dans le jardin de mousse du Ginkaku-ji. Le chemin nous fait traverser des petits ponts, des  étangs et nous fait grimper une petite colline qui donne une jolie vue sur le pavillon.

 

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En sortant du temple, nous avons pris le "Chemin de la philosophie".

 

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Il suit un petit canal sur deux kilomètres que bordent des centaines de cerisiers. Evidemment, début février, ça manque un peu de couleurs... Ce chemin tire son nom de Nishida Kitaro (1870-1945), l'un des plus célèbres philosophes du Japon, dont on dit qu'il avait l'habitude de pratiquer la méditation sur ce chemin en se rendant à l'université de Kyôto.

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous nous sommes arrêtés un instant dans l'un des sanctuaires près du chemin, celui de Otoyo. Son originalité  ? Deux statues de souris jouent le rôle de gardiens. Celle de gauche tient un bol de "sake"; l'autre un parchemin. On dit qu'elles apportent santé, longue vie et bonheur.

 

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Nous avons poursuivi notre route et sommes arrivés au temple "Eikan-dô".

 

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A l'origine, il s'agissait d'une villa qu'un noble de la cour de la période d'Heian (710-1185) a offerte à un moine qui l'a convertie plus tard en temple, lui donnant le nom de "Zenrin-ji" (temple du Bosquet Calme).


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Au 11ème siècle, le Zenri-ji avait à sa tête un moine très populaire, Eikan, dont a été tiré le surnom de ce temple (le Hall Eikan). C'est à Eikan que ce temple doit l'acquisition d'un objet de culte rare : une statue du Bouddha Amida. Mais pas n'importe laquelle.

 

http://www.eikando.or.jp/image/p_amida2-1.jpg

Selon la légende, Eikan marchait dans le temple lorsque la statue, qui regardait droit devant elle, a tourné la tête vers le moine et lui a parlé. Depuis lors, selon l'histoire, cette statue serait restée dans cette position. Ce Bouddha Amida est désormais connu comme celui regardant par-dessus son épaule. On ne peut pas prendre de photo à l'intérieur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons terminé avec la visite du Nanzen-ji (temple Zen du Sud). C'est l'un des cinq grands temples zen de Kyôto et il est également classé à l'Unesco. 

 

L'histoire de cet édifice remonte au 13ème siècle lorsque l'empereur Kameyama fit de cette villa un temple zen (il n'était pas inhabituel à cette époque-là de voir d'anciens empereurs devenir moines). Les bâtiments originaux ont été détruits trois fois par des incendies : en 1394, 1448 et 1467. Le temple actuel date de l'époque Momoyama (1570-1600).

 

IMGP4949On entre dans le temple par une immense porte, Sanmon, construite en 1628.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite, on pénètre dans la partie payante avec le Hojo, le hall principal du Nanzen-ji et la résidence dans l'ancien moine en chef.

 

http://ts1.mm.bing.net/th?id=H.4805352375978376&pid=15.1

Il est connu pour les peintures de tigres en feuilles d'or sur ses "fusuma" (portes coulissantes).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est également célèbre pour son beau jardin sec dont on dit que les grosses pierres représentent de jeunes tigres traversant l'eau. C'est un bon exemple des jardins dessinés au début de l'époque d'Edo, en 1600, puisque les arbres et pierres sont tous rassemblés dans l'un de ses coins.

 

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Ce jardin est également un exemple de "shakkei" (paysage emprunté); c'est-à-dire que l'on utilise des éléments distants (naturels comme des montagnes) et on les inclut dans la composition du jardin pour lui donner une impression de dimensions infinies. Dans le cas du Nanzen-ji, c'est le mont Yokakuryo Dainichi que l'on voit au dernier plan.

 

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Pour terminer cette journée (même si en fait, c'était un autre soir), nous avons fini par une dernière visite : le Kiyomizu-dera (temple de l'Eau Pure), classé à l'Unesco. Incontournable de Kyôto et unique en son genre.

 

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Les ruelles autour sont des plus touristiques avec des centaines de jolies boutiques de souvenirs (même si on déteste le shopping, on ne peut pas résister à l'attrait des magasins japonais).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Grosse déception à l'arrivée : le Kiyomizu-dera était en pleine rénovation; la partie principale était photographiable, heureusement. En fait, nous avons vu beaucoup de chantiers à Kyôto cette fois-ci. Mon copain soupçonne les autorités japonaises de le faire exprès pour gâcher les vacances des touristes chinois - très nombreux à cette période puisque c'était le Nouvel An chinois. Je suppose que la préservation des édifices en bois demande un soin particulier et l'hiver est quand même la saison la moins touristique, donc je ne pense pas que le Japon soit si malintentionné. Toutefois, les relations diplomatiques ne sont pas au beau fixe entre les deux puissances; alors ça n'est peut-être pas si absurbe. D'autant que je me demande ce que pensent les Japonais des touristes chinois qui parlent fort et ont du mal à respecter les règles. Cela dit, quoi que peuvent penser les Japonais, les touristes chinois sont importants sur le plan économique - tout comme en France, d'ailleurs. J'ai vu un reportage aux informations japonaises qui expliquait que les touristes chinois qui voyagent au Japon dépensent des sommes astronomiques, notamment en produits électroniques et cosmétiques. Ils ont même montré l'exemple d'un Chinois qui a dépensé plus de 300 000 yens (plus de 2000 euros) dans un un même magasin : il avait acheté deux autocuiseurs de riz et plein d'autres articles en double ou triple (pour ses amis ou sa famille sans doute). Ici, en Chine, personne n'a confiance en rien. Ainsi, les Chinois riches achètent beaucoup de produits à Hong-Kong ou lorsqu'ils voyagent à l'étranger. Même mes étudiantes achètent de la nourriture ou des produits cosmétiques à Hong-Kong. Quand aux Chinois qui n'ont pas les moyens... c'est une autre histoire. En attendant, les touristes chinois remplissent bien les poches des pays étrangers.

 

Le Kiyomizu-dera, fondé en 780, tient son nom de la chute d'eau qui se trouve à l'intérieur de son enceinte.

D'ailleurs, en contrebas du bâtiment principal se trouve cette chute dont l'eau - divisée en trois petits ruisseaux- aurait des propriétés thérapeutiques. Il est dit que chaque ruisseau possède une vertu particulière : l'un pour la santé, l'autre pour la longévité et le dernier pour le succès dans les études. Toutefois, boire à ces trois ruisseaux serait considéré comme un signe d'avidité... Faites donc le bon choix...

 

Le Kiyomizu-dera est surtout célèbre pour sa plateforme, soutenue par des centaines de piliers sans aucun clou, à flanc de colline et qui donne une vue impressionnante de Kyoto.

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Nous avons terminé notre journée avec un détour par le quartier de Gion.

 

C'est un nom qui n'est pas inconnu des occidentaux qui y voyaient (y voient encore ?) un monde de fantasmes puisque c'est l'un des quartiers de Kyôto où travaillent encore les fameuses "geisha". Il faut savoir qu'à Kyôto, on ne dit pas "geisha" mais "geiko"-  et "maiko" (pour les apprenties). Une "geiko" signifie une "personne d'arts", autrement dit une artiste. Aussi, lorsque les occidentaux imaginent des sortes de "prostituées de luxe", ils sont à côté de la plaque. Les geiko sont des artistes accomplies qui maîtrisent à la perfection les différents arts japonais. Une geiko a pour fonction de divertir des clients par ses arts et sa conversation. Il n'est pas attendu autre chose d'une geiko. Mais, c'est vrai que ce n'est pas si simple; en tout cas, les choses étaient un peu plus floues dans le passé avec, par exemple, le passage à l'âge adulte d'une maiko - lorsqu'elle devait perdre sa virginité avec un homme qui avait gagné les enchères sur cet "événement". Cette pratique est devenue illégale après 1959. Aujourd'hui, les geiko sont plus protégées par la loi et libres dans leur vie privée.

 

Comme je l'expliquais, les geiko sont formées pour divertir les clients lors de banquets, dîners et autres occasions. En général, ces dîners se déroulent dans une "ochaya" (maison de thé) qui fournit juste une salle avec tatami : la nourriture et les services d'une geiko sont réservés exprès en fonction du client. Les ochaya sont des lieux exclusifs et n'ouvrent leur porte qu'aux clients qu'elles connaissent.

 

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A la différence d'un restaurant, il n'y a pas d'addition à la fin du repas. En fait, toutes les dépenses de la soirée (la salle, la nourriture, les prestations de la geiko, le taxi...) sont ajoutées à la note totale du client qui est prélevée sur son compte à la fin du mois. Il s'agit là, à l'évidence, d'un système basé sur la confiance, c'est pourquoi on ne peut entrer dans ce monde clos que si l'on connaît quelqu'un qui est déjà client et peut être votre garant.

 

Pendant un dîner, les geiko et maiko divertissent les invités. Elles sont chargées d'entretenir une conversation spirituelle tout en remplissant les verres. Elles organisent aussi toutes sortes de jeux où le perdant a souvent pour punition de vider son verre.

 

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Le moment le plus important (bien qu'à mon avis, les invités soient trop ivres pour vraiment apprécier...), c'est lorsqu'elles dansent accompagnées par de la musique traditionnelle, généralement du shamisen (instrument à cordes) joué par une autre geiko. Le nombre de geiko et maiko varie selon le nombre d'invités et ... le budget de l'hôte.


 

 

 

Mon copain et moi avons parcouru avec plaisir les ruelles de Gion avec le secret espoir d'apercevoir une maiko ou geiko se rendant dans une ochaya, mais en vain. Peut-être connaissent-elles des passages secrets pour éviter les touristes qui jouent aux paparazzis ? Nous observions le manège des taxis qui déposaient régulièrement des directeurs ou présidents de société devant différentes ochaya. En tout cas, c'est qu'on peut imaginer puisqu'il faut débourser plusieurs milliers de yens pour ce genre de soirée; ce qui n'est pas à la portée de tout le monde.

 

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Les ochaya sont vraiment très discrètes : pas de carte ou de menu, pas même d'enseigne. A vrai dire, elles ressemblent à de simples entrées de résidences - élégantes résidences, tout de même. On comprend bien que ce monde n'est pas ouvert au passant. Ainsi, même si nous n'avons pas entrevu le visage poudré d'une maiko, notre petite promenade était charmante.

 

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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 06:16

Ah Kyôto ! C'est tellement cliché d'avouer qu'on aime cette ville. Qui ne l'adore pas ? Mais, je n'y peux rien. Elle a volé mon coeur, et ce, depuis longtemps.

 

C'est à Kyôto que j'ai voyagé pour la première fois, seule. J'y suis retournée quelques années plus tard lors de mon second voyage au Japon. Et depuis, je n'y avais pas remis les pieds. J'étais un peu curieuse de voir si cette ville serait toujours mon coup de coeur. En été comme en hiver (et sans doute encore plus au printemps avec les cerisiers et, en automne, lorsque les feuilles se teignent de rouge), Kyôto est enchanteresse.

 

Kyôto est unique car elle a été la capitale du Japon sur une très longue période. En effet, construite en 794 sur le modèle des capitales de la Chine ancienne, Kyôto a été la capitale impériale du Japon depuis sa fondation jusqu'au milieu du 19ème siècle. Kyôto signifie d'ailleurs "la ville capitale". Ironiquement, alors que Kyôto a été détruite plusieurs fois par des guerres et des incendies, elle a été épargnée - à dessin - par les raids aériens et la bombe atomique pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

En toute sincérité, je crois vraiment que Kyôto est la capitale historique de l'Extrême-Orient. Certes, Beijing est impressionnante; cependant, Beijing est juste....grande. Tout est disproportionné, plus que dans n'importe quelle ville du monde sans doute : la taille des avenues, des palais, des parcs, des places, etc.... Mais, voilà, ça coupe le souffle au début, puis on se rend compte que les édifices ne sont pas aussi raffinés qu'on le pensait, que les sites ne sont pas si bien préservés, et finalement, qu'il n'y a pas ni véritable authenticité ni profond mystère.

 

Kyôto au contraire ne fait peut-être pas grande impression au début. C'est une assez petite ville (1,5 million d'habitants) et, au premier coup d'oeil, elle est semblable à toutes les villes japonaises : un imbroglio de poteaux et fils électriques, des maisons de toutes les formes, tous les styles et toutes les hauteurs, des édifices historiques coincés entre deux immeubles modernes,... La fameuse expression qualifiant le Japon : "tradition et modernité".

 

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(gare de Kyôto; vue sur le grand hall)                                                                 (ruelles autour du sanctuaire Yasaka)

 

 

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Toutefois, lorsque vous commencez à vous promener, vous êtes envahi d'un indéfinissable sentiment d'harmonie, de plénitude et d'admiration.

 

J'ai parcouru Kyôto de long en large lors de mes deux précédents voyages; pourtant, j'ai encore été éblouie par la beauté de l'architecture de ses temples et sanctuaires ainsi que la poésie de ses jardins. Même en hiver, même sans neige, c'est magnifique. A Kyôto, on sent le poids de l'histoire comme dans nulle autre ville. On ne peut qu'aimer l'ambiance séculaire des petites rues serpentantes, admirer les temples prestigieux et les anciennes grandes demeures, se poser un instant et s'asseoir sur le bois doucement réchauffé par le soleil hivernal tout en se laissant bercer par le chant de l'eau qui coule d'une fontaine en bambou et par les fragrances de l'encens, se perdre dans la contemplation d'un jardin qui se devine entre deux portes coulissantes...

 

Kyôto, c'est un arc-en-ciel de sensations. Je n'essaierai pas plus de la décrire : des gens bien plus intelligents et sensibles en ont écrit des pages et des pages; mais, vous aurez compris sans doute à quel point cette ville me touche.

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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 11:56

Le lendemain, nous nous sommes levés aux aurores (6h quand même !) pour pouvoir attraper le bus de 7h pour Gokayama. Ce site est en fait composé de plusieurs villages avec des fermes et demeures de style "gassho-zukuri".

 

Les villages sont assez éloignés les uns des autres; donc ne comptez pas vous y rendre à pied. Par contre, le bus ne passe que tous les 3 heures, alors ne le ratez pas ! Nous ne nous sommes pas arrêtés au premier village, Suganuma, car il n'était que 7h30, qu'il pleuvait et que tout était fermé. Nous avions un peu peur de finir gelés en attendant le prochain bus 3 heures plus tard. Suganuma occupe une terrasse dominant la même rivière qu'à Shirakawa-go, la Sho. Il est tout petit avec seulement 9 maisons de style "gassho", dont la plus récente n'a été construite qu'en 1929.

 

Nous avons plutôt opté pour Ainokura, un peu plus loin. A 8h, tout était encore fermé et le soleil n'était décidément pas au rendez-vous ce jour-là.

 

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Pour nous réchauffer, nous avons grimpé un chemin enneigé nous donnant un joli point de vue sur le village.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ainokura se trouve également sur un plateau en terrasses, au-dessus du cours de la Sho, et compte 20 maisons de style "gassho".


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En raison du relief montagneux, la culture traditionnelle japonaise du riz n'était pas très productive dans cette région, ce qui explique que les paysans se soient tournés vers d'autres cultures céréalières telles le sarrasin et le millet qui acceptent des champs plus petits. Les quelques produits commercialisables de la région étaient notamment le papier japonais (washi) fait de fibres de mûrier, arbre que l'on rencontre dans la région et les produits de base de la sériciculture. La production de papier s'est poursuivie tout au long de la période Edo mais a décliné quand les procédés de fabrication occidentaux sont apparus au 19ème siècle. L'industrie de la soie a survécu plus longtemps, du 17ème siècle jusque dans les années 1970. Le besoin de grands espaces pour l'élevage des vers à soie et le stockage des feuilles de mûrier ont, par ailleurs, eu une incidence très forte sur la multiplication des maisons de type "gassho".


 

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Dans l'une des anciennes fermes transformée en petit musée folklorique, nous avons pu observer et jouer du "sasara". Il s'agit d'un instrument à percussion traditionnel utilisé pour accompagner les chansons populaires et les danses. Il se scompose de très nombreuses plaquettes de bois reliées par un cordon tressé. On joue du "sasara" en utilisant les poignées de chaque côté et en faisant onduler les plaquettes.

 

 

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Lors de cette matinée, nous n'avons croisé que deux habitantes et pas un touriste ! Vers 11h20, le bus est arrivé.

 

Je rêvais depuis longtemps de visiter cette région. C'était à la hauteur de mes attentes. J'aimerais bien y retourner à une autre saison.

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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 08:58

Cette année, nous avons fui la Chine lors de la fête du Printemps pour nous évader pendant une petite semaine au Japon. L'hiver n'est peut-être pas le moment idéal, mais le Japon a du charme à toutes les saisons - affirmation d'une véritable thuriféraire de ce pays qui ne cesse de m'enchanter. Et de fait, quoi de mieux que de se promener dans de jolis villages sous la neige en hiver ?

 

Au Japon, les saisons sont très marquées. Qui n'a pas vu sur internet cette éternelle image d'un bus entouré sur les deux côtés par de hauts murs de neige découpés comme des falaises ? Et bien, c'est au Japon que ça se passe.

 

Nous avons choisi les sites de  Shirakawa-go et Gokayama - classés au patrimoine mondial de l'Unesco - pour débuter notre périple.

 

Leur particularité ? Des maisons à l'architecture traditionnelle et unique.

 

En effet, les habitations y sont construite dans le style "gassho-zukuri". Ce mot barbare est en fait une référene poétique à leur toit de chaume en forme de triangle pentu, comme des mains jointes en prière (gassho) - imaginez un moine bouddhiste en prière - afin de supporter le poids de la neige abondante dans cette région des Alpes japonaises. Les habitants nous ont dit qu'il était tombé moins de neige cette année mais le spectacle était tout de même superbe.


Le village de Shirakawa-go comporte encore plus d'une centaine de maisons de ce type dont certaines datent de 250 ans.

 

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Ce sont de grandes maisons de 18m de long sur 10m de large sur plusieurs niveaux, où plusieurs générations vivaient ensemble. Le rez-de-chaussée servait de lieu de vie; le dernier niveau était traditionnellement réservé à l'élevage de vers à soie.

 

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Ces habitations étaient évidemment bâties sans clou ni vis. Les poutres étaient uniquement assemblées par des cordes de paille.

 

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Ornés de fenêtres, les pignons assuraient ventilation et clarté ; les ouvertures à chaque extrémité de la maison garantissaient la circulation de l'air. Le plafond à claire-voie permettait à la fumée du foyer central de monter jusqu'au toit, protégeant ainsi le chaume contre l'humidité. Un chaume bien fumé pouvait durer cinquante ans. Le village entier participait à son renouvellement.

 

Plusieurs demeures ont été transformées en musée et sont ouvertes au public, nous permettant ainsi d'observer les techniques architecturales du toit.

 

Nous avons visité la maison de la famille Nagase. En 2001, son toit a été refait pour la première fois depuis 80 ans. Cet événement a suscité beaucoup d'intérêt au Japon et plusieurs volontaires se sont présentés pour participer aux travaux. Au total, plus de 500 personnes ont pris part à la reconstruction (comme le montre la 2ème photo, celle publiée sur un journal de l'époque).

 

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Nous avons logé dans l'une de ces habitations, transformées en "minshuku" (auberge). Nous avons séjourné à l'auberge Juemon, à l'entrée du village, un peu à l'écart. C'est une ancienne ferme de 270 ans.

 

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Nous avions une petite chambre avec des tatami, sans aucun meuble. Pour atténuer le froid, un gros tapis était posé sur les tatami et nous avons apprécié le "kotatsu". Il s'agit d'un support de bois de faible hauteur recouvert d’une couverture épaisse, sur lequel repose une planche servant de table. On s'asseoit sur un coussin, en arrangeant délicatement la couverture sur nos jambes et on se laisse doucement réchauffer (car le kotatsu chauffe par-dessous). C'est parfait pour le bas du corps. Mais pour être honnête, le haut du corps, lui, ne se réchauffe pas vraiment... Pendant longtemps, ce système a été le seul moyen de se chauffer au Japon et il est toujours utilisé dans certaines familles en plus du chauffage moderne. C'est très convivial : on peut manger, discuter, etc, tout en étant bien au chaud.

 

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Nous nous sommes régalés d'un excellent dîner très montagnard (n'imaginez pas de la raclette comme en France); autrement dit : poisson de rivière, beaucoup de 山菜 (légumes de montagne),... La propriétaire a égayé notre repas en nous jouant quelques airs populaires au "shamisen" (instrument à cordes pincées). 

 

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C'est bucolique à souhait. En plus, en hiver, les touristes sont moins nombreux, ce qui est appréciable. Le soir, nous nous attendions à des illuminations, mais je pense qu'ils n'en font que le week-end quand il y a plus de visiteurs. C'était un peu dommage, mais nous étions ravis de notre journée. C'est un de ces lieux magiques qui ne peut que plaire à tout le monde et quelque soit la saison.

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 10:54

Le trajet en train entre Himeji et Kinosaki est très agréable car on est toujours entouré de montagnes et on passe près de petits villages.

 

 

Au fur et à mesure que nous approchions de Kinosaki, le temps s'assombrissait et le paysage se couvrait d'un épais manteau blanc.

 

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D'après la légende, Kinosaki aurait été fondée au 8ème siècle par un saint bouddhiste. Elle a accueilli plusieurs écrivains depuis le 18ème siècle et abrite aujourd'hui un musée de la littérature. Mais, elle est surtout connue pour ses "onsen".

 

En hiver, une zone de haute pression se développe sur la Sibérie et rencontre une zone de basse pression venant du nord de l'océan Pacifique. Il en résulte d'importantes chutes de neige sur la côte ouest du Japon.

 

Kinosaki n'échappe pas à ce phénomène.

 

Lorsque nous sommes arrivés, il neigeotait doucement. La rue principale était dégagée pour permettre la circulation des véhicules, mais pour les piétons, ce n'était pas évident : le trottoir n'avait pas été déblayé, il fallait donc naviguer entre les monceaux de neige empliée et les éclaboussures des voitures.

 

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J'ai fait une découverte intéressante en marchant dans les rues de Kinosaki. Intéressante mais vraiment pas pratique pour les piétons encore une fois !  Les eaux de sources thermales sont utilisées au Japon pour faire fondre la neige dans les régions à fort enneigement. A Kinosaki, un système permet à un liquide spécial chauffé par l'énergie géothermique de s'écouler sur la route et de faire fondre la neige.

 

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La personne qui marche d'un pas précautionneux, c'est moi... Cette démarche inélégante est moins due à la peur de glisser qu'aux tentatives d'échapper aux jets de ce liquide et d'éviter de me mouiller les pieds (peine perdue au final...)

 

Sur les rives de l'Otani-gawa, ponctuée de jolis ponts, s'alignent de nombreux établissements thermaux et auberges traditionnelles ("ryôkan").

 

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Alors que la neige se mettait à tomber plus intensémment, nous avons rejoint notre ryôkan. C'est une auberge moderne et très élégante. La décoration intérieure paraît simple mais tout est dans les détails très raffinés. En plus, seuls des matériaux naturels ont été utilisés (parquets en bois, tatami sur le sol dans les chambres, murs en terre, bambous...).

 

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Dans notre ryôkan, il y avait également 3 bains privés. C'est-à-dire qu'ils étaient utilisés par tout le monde, mais pas en même temps. Il suffisait simplement de réserver auprès de l'accueil et de préciser l'heure à laquelle nous souhaitions prendre notre bain. En général, lorsqu'il s'agit de bains privés, on a le droit à une heure maximum pour que tout le monde ait la possibilité d'y aller.

 

 

Nous en avons essayé deux : l'un des bains avait un sol recouvert de tatami (je n'avais encore jamais vu cela), l'autre était situé à l'extérieur (mais à l'abri de tout regard évidemment). C'était assez génial, en fait. Le froid était mordant, la neige avait recouvert toute la ville et, pourtant, nous prenions notre bain dehors. Les Japonais apprécient ce contraste : la chaleur réconfortante du bain et le froid qui gèle tout. Quand je suis sortie, j'avais presque des stalactites dans les cheveux quand même (ceux qui étaient mouillés et étaient restés au contact du froid) !

 

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Qui dit ryôkan, dit cuisine de haute qualité. Nous nous sommes régalés de fruits de mer et, notamment, de crabe. C'est la spécialité de Kinosaki, la meilleure saison étant en hiver. Crabe à décortiquer, crabe bouilli, crabe mijoté, "kani miso" (les organes internes du crabe mélangés avec du "miso", pâte de soja fermenté - expliqué ainsi, on peut avoir des doutes, mais c'est délicieux; j'en ai été la première surprise !)... nous avons tout goûté ! C'était un régal, mais pour être honnête, trop de crabe, tue le crabe...

 

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Selon la légende,  les cigognes venaient se baigner dans les sources de Kinosaki pour soigner leurs blessures. Plus tard, des bains publics ont été construits pour profiter des bienfaits de ces eaux. Et depuis, Kinosaki est une destination très appréciée par les Japonais pour ses bains.

 

Notre ryôkan nous a fourni un pass nous permettant d'accéder gratuitement aux sept onsen de la ville ("Soto-yu"). Nous ne les avons pas tous testés !

 

 

Nous sommes allés dans deux d'entre eux : le Ichi-no-yu et le Gosho-no-yu.

 

Le Ichi-no-yu (numéro 1) était le plus grand bain public de la côte ouest du Japon avant la construction du Satono-yu, également à Kinosaki. Son nom a été donné par un spécialiste de l'époque d'Edo qui a déclaré que c'était la meilleure source thermale du Japon.


Le Gosho-no-yu est intéressant pour son bain ainsi que son architecture calquée sur celle de l'ancien Palais Impérial de Kyôto et  ses décorations dans l'entrée. Il paraît même qu'en 1267 la soeur de l'empereur Go-Horikawa serait venue s'y baigner.

 

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Nous sommes allés à l'Ichi-no-yu, le premier soir. Le lendemain matin, mon copain m'a fait lever aux aurores - à savoir 6 heures du matin - car il voulait absolument que nous soyons les premiers à entrer dans le Gosho-no-yu qui ouvre ses portes à 7 heures.


http://www.hyogo-tourism.jp/english/special/images/hotsprings/photo_6.jpgIl était persuadé qu'il y aurait foule - il avait lu cette information sur internet - pour obtenir le "ticket d'entrée numéro 1". C'est simplement un souvenir. L'homme et la femme arrivés les premiers à l'ouverture du bâtiment reçoivent chacun une plaquette en bois sur laquelle sont marqués : Gosho-no-yu, la date et dit que l'on est le premier (ou la première).

 

 

 

 

 

 

 

J'étais persuadée que les 3 mètres de neige décourageraient les quelques téméraires qui auraient eu la même idée que nous, et j'avais raison car nous avons attendu gelés et seuls pendant une bonne demi-heure. Vers 6h50, un homme est arrivé, visiblement déçu de voir que mon copain était devant lui. A 7h, mon copain et moi avons reçu chaque notre petite plaquette. Puis, après cette longue attente dans le noir et le froid glacial, nous avons enfin pu nous réchauffer dans un bon bain.

 

Mis à part les bains publics, vous pouvez profiter des "ashiyu" (bains pour les pieds) ou boire de l'eau aux fontaines publiques.

 

Vous allez me dire que prendre tant de bains, c'est fou ! Mais, c'est très appréciable lorsqu'il fait si froid. Après avoir parcouru la ville dans le froid et la neige, il n'y a rien de meilleur que de plonger dans un bain brûlant. Puis, on ressort, on se refroidit, on va dans un autre bain. C'est une des façons dont les Japonais aiment passer l'hiver le week-end.

 

Dernier jour et dernière balade à Kinosaki entre accalmies et chutes de neige intenses.

 

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Dernier bain de pieds avant de monter dans le train qui nous ramènera à Himeji d'où nous reprendrons la voiture pour rejoindre Nagoya.

 

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Au revoir, joli Japon. L'hiver n'est peut-être pas la meilleure période pour y aller, mais le Japon a du charme à toutes les saisons ! Et les onsen sous la neige, c'est une facette du Japon, sans aucun doute. J'ai tout adoré pendant ce petit voyage, mais Kinosaki est probablement mon meilleur souvenir, peut-être parce que j'y ai expérimenté un Japon que je ne connaissais pas encore...

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 06:46

Après Matsuyama, notre intention était de retourner sur l'île de Honshû puis de rejoindre la côte de la Mer du Japon. Mais l'ouest du Japon connaît de fortes chutes de neige en hiver, habituellement. Après avoir vérifié les prévisions météorologiques, nous avons décidé d'aller aussi loin que possible, de laisser notre voiture et de prendre le train.

 

Nous avons donc quitté Matsuyama et traversé la Mer Intérieure par l'autoroute Shimanami Kaidô. Elle fait 60 kilomètres et traverse 6 îles. Plusieurs ponts permettent de passer d'une île à une autre. En chemin, on peut également admirer les beaux paysages de la Mer Intérieure et les petits ports sur les îles.

 

Map of the Cycling Road

 

 

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Ce qui est particulier, c'est qu'il est possible de faire le même parcours en vélo. En effet, une piste cyclable a été spécialement aménagée pour les amateurs de bicyclette. Elle a été construite un peu à l'écart de l'autoroute et de façon à éviter les pentes trop fortes; le chemin peut donc être facilement parcouru en une journée. D'autant plus que le système de location est bien fait et permet de louer le vélo à un endroit et de le laisser dans n'importe quelle autre boutique le long de la route.

 

 

Nous avons atteint Himeji en début de soirée. La circulation était lente car des flocons de neige rendaient l'autoroute un peu dangereuse. Il nous a semblé que c'était le lieu parfait pour nous arrêter et laisser notre voiture car, de Himeji, nous pouvions trouver facilement un train pour notre dernière destination.

 

 

Mon copain et moi connaissions déjà Himeji qui possède le plus beau et célèbre château du Japon.

 

Construit au 14e siècle puis reconstruit au 17e siècle, le château de Himeji est non seulement splendide, mais aussi un rare exemple de château d'origine au Japon. C'est à ce titre qu'il a été classé au patrimoine mondial de l'Unesco. L'ensemble composé du donjon principal à cinq niveaux et de trois donjons plus petits présente une ligne magnifique et s'apprécie tant d'un point de vue esthétique que d'un point de vue architectural. On le surnomme d'ailleurs le "Héron Blanc" car il en a l'apparence et, à coup sûr, la beauté.

 

Alors que nous arrivions au centre-ville, mon copain qui avait les yeux fixés sur la route puisqu'il conduisait  m'a demandé  si je voyais le château. Nous devions être proches, mais rien. Et pourtant, nous étions sûrs qu'il était là, devant. Diable, où était-il ? J'insistais et affirmais que je ne voyais rien. Et soudain, le choc : une sorte d'énorme boîte est apparue devant mes yeux ahuris. "Le château a disparu", ai-je crié abasourdie.

 

Le lendemain, nous avons eu le fin mot de l'histoire.

 

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Le château est en rénovation depuis 2010. Les travaux devraient durer jusqu'en 2015. L'espèce de boîte dans lequel il est enfermé est, en fait, un immense échaffaudage caché par cette image. Les visiteurs peuvent se rendre au château et observer les travaux depuis le dernier étage. Le jardin et les autres parties restent accessibles aux touristes.

 

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Même si nous n'avions pas inclu Himeji dans notre plan initial, nous aurions bien aimé revoir le château dans toute sa splendeur...

 

L'après-midi, nous sommes allés à la gare pour prendre un train qui devait nous mener dans une petite ville reculée, enfouie sous des mètres de neige...

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 08:03

Après deux ou trois heures d'autoroute dont une partie longeait la côte, nous sommes arrivés à Matsuyama (en haut à gauche sur la carte).

 

http://japaneseguesthouses.com/maps/images/shikoku_map.gif

 

C'est la plus grande ville de l'île avec un peu plus de 500 000 habitants.

 

Elle est importante sur le plan culturel avec le Dogo onsen, une source thermale utilisée depuis très longtemps. Elle possède également un très beau château. Enfin, c'est une ville très connue au niveau littéraire puisque un grand romancier et un des plus célèbres auteurs de "haiku" (une forme de poèmes) y ont résidé.

 

Mais d'abord, je voudrais évoquer un autre sujet spécifique à l'île de Shikoku.

 

Nous avons commencé notre visite de Matsuyama par le temple Ishite. C'est le temple n°51 dans le pélerinage des 88 temples de Shikoku.

 

De quoi s'agit-il ?

 

Le pélerinage de Shikoku suit les traces de Kôbô Daishi, un moine, fondateur d'une des écoles bouddhiques du Japon - l'école Shingon - qui aurait effectué ce voyage (légendaire ?) il y a quelques 1200 ans. Mais les croyants de toutes tendances peuvent le faire.

 

Ce pélerinage comprend 88 temples et il fait 1200 km. Il s'achève souvent au Mont Kôya (sur l'île principale, celle de Honshû) où Kôbô Daishi a terminé sa vie. Il faut entre un et deux mois pour terminer ce pélerinage si l'on est à pied. Cependant, de plus en plus de pélerins se contentent des temples principaux et font le reste du trajet en bus, en vélo ou en voiture. Il n'est pas nécessaire de suivre l'ordre des temples.

 

Les pélerins sont reconnaissables à leurs vêtements blancs, à leur chapeau conique et à leur bâton; malheureusement, nous n'en avons pas vu (cela dit, en hiver, je doute qu'il y en ait beaucoup qui tentent l'aventure).

 

A l'entrée du temple, plusieurs symboles nous rappellent qu'il s'agit bien d'un lieu sacré où passent des pélerins, notamment une paire de sandales en paille dans la porte Niô-mon qui date de 1318.

 

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Un peu plus loin dans l'enceinte du temple, nous sommes tombés sur des marches qui s'enfonçaient dans la montagne et cette pancarte : (à droite, à côté du bonhomme), c'est le nom du 52ème temple le "Taisan-ji" à 10,5 km et le mot à gauche "henro dô" indique le chemin ("dô") à suivre pour les pélerins ("henro"). Vous allez me dire que même sans traduction, vous vous en doutiez...


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Après la visite du temple, nous sommes allés déposer nos affaires dans notre "minshuku" (chambre d'hôte) située pas très loin du temple et, encore mieux, à une minute d'un des sites phares de la ville : le Dogo Onsen.

 

Mon copain a choisi cette pension pour une seule raison : l'eau utilisée pour le "furo" (bain) est la même que celle du Dogo Onsen. Bon, je suis encore novice par rapport à tout ce qui est culture du bain au Japon et je ne suis pas si attachée que ça à ce genre de détails; mais, pour mon copain, cela semblait être le comble du bonheur. Sur la façade de la pension, il y avait d'ailleurs une pancarte précisant cette information (photo à  droite).

 

 

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C'était une toute petite pension avec seulement quelques chambres et nous étions les seuls clients ce jour-là. Parfait, le bain n'était rien que pour nous !

 

Après le bain, le repas (beaucoup de poissons : en sashimi (cru), grillés, ...).

 

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Avant le dîner, toutefois, nous avons fait un tour dans le quartier.

 

Comme toujours au Japon, le moderne et l'ancien se mélangent. Le splendide Dogo Onsen se trouve coincé entre une rue et des immeubles assez hideux. Cela dit, si vous faites abstraction des alentours, vous ne pouvez qu'être émerveillés par l'édifice.

 

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Comme je l'ai déjà précisé, le Dogo onsen est l'une des plus anciennes et des plus célèbres sources thermales du Japon. Le bâtiment actuel du bain public est en bois sur trois niveaux construit en 1894. L'intérieur est un incroyable labyrinthe de couloirs, de petites pièces aux portes coulissantes, d'escaliers raides. De l'extérieur, on ne peut pas imaginer.

 

Il existe 4 sortes de prix.

Le rez-de-chaussée donne accès au bain public (hommes et femmes séparés), c'est le "kami no yu" (bain des dieux) à 400 yen (3,30 €) l'entrée

L'étage suivant permet d'accéder à d'autres bains (toujours séparés), plus petits et plus élégants, c'est le "tama no yu" (bain des esprits) avec quelques services en plus : prêt de "yukata" (sorte de kimono léger), on nous offre également des petits gâteaux et du thé

Si vous payez un peu plus, vous pouvez visiter l'ancienne partie réservée à la famille impériale, qui avait évidemment son propre bain.

Le dernier prix vous permet d'obtenir toutes ces options ainsi que le droit de vous reposer dans une des pièces privées en tatami du troisième étage.

 

Mon copain et moi avons testé le bain public basique (dans des pièces séparés puisque hommes et femmes ne partagent pas le même bain) le premier soir et la troisième option le lendemain matin.

 

C'est vrai que le rez-de-chaussée est très fréquenté. On oublie assez facilement la nudité (euh...en théorie) car personne ne fait attention à vous et grâce à la vapeur très dense. Il y avait beaucoup de vieilles femmes le soir où j'y étais. C'était un spectacle assez fascinant. En effet, beaucoup d'entre elles faisaient en fait de véritables ablutions. Elles s'aspergeaient d'eau sur plusieurs parties du corps comme s'il s'agissait d'un rituel. J'en ai même vu boire l'eau qui sortait de la fontaine (déjà que j'ai du mal à y plonger un orteil tellement elle est chaude, je me demande comment elles font pour en avaler ne serait-ce qu'une goutte !).

 

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(c'est le bain des hommes, seule photo que j'ai pu trouver sur internet)

 

Le lendemain matin, il n'y avait qu'une femme dans le bain au deuxième étage lorsque j'y suis allée; donc c'est un peu plus cher mais un peu plus tranquille (disons plus facile pour la gestion de la nudité qui continue à me gêner quand même).

En plus, comme je suis une occidentale, j'ai toujours peur que les Japonaises craignent que je ne connaisse pas les règles du onsen; du coup, je passe toujours beaucoup plus de temps qu'elles à me laver pour leur montrer (même si elles ne me regardent pas, en fait) que je suis bien propre avant de plonger dans le bain.

Encore une chose qui m'embarrasse, dès que je sors du bain, je suis rouge comme une écrevisse (je vous assure que l'eau est bouillante !) alors que les Japonaises gardent leur teint frais...

 

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Sur les deux photos ci-dessous, voici la partie qui était réservée à la famille impériale (on l'a vue de l'intérieur mais interdiction de prendre des photos : en réalité, c'est bien dans l'esprit japonais - dépouillement et simplicité; cela ressemblait à des pièces normales à peine un peu plus luxueuses). La famille impériale avait quand même sa propre entrée (photo à gauche) et un petit jardin (photo à droite).

 

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Le Dogo Onsen, la nuit tombée.

 

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Le lendemain, après notre bain au Dogo Onsen et notre petit-déjeuner, nous nous sommes rendus au musée consacré au poète Masaoka Shiki (1867-1902), qui est né et a vécu à Matsuyama. Il a passé sa vie à moderniser les anciennes formes de poésie japonaise. C'est à lui que l'on doit les "haïku" tels que nous les connaissons aujourd'hui - tercet de trois vers de 5,7 et 5 syllabes.

On dit d'ailleurs qu'il est "le père du haïku moderne". 

 

 

L'autre écrivain important de la ville est Natsume Sôseki (1887-1916), romancier et ami de Shiki. Il est surtout connu pour son roman "Botchan" qui se passe à Matsuyama. Dans cette histoire, on suit la vie d'un jeune professeur qui arrive à Matsuyama à une époque où le Japon connaît de profondes réformes.

 

Copy-of-P1020966.JPGLa ville célèbre le roman de différentes façons en ayant conservé, par exemple, l'ancienne gare de cette époque. Un petit train - ou plutôt un wagon -, le "Botchan", est en service et permet de se rendre dans le centre-ville.

 

Près de la gare, on peut voir aussi une horloge qui met en scène toutes les heures le roman "Botchan" avec de petits personnages mécaniques.

 

Vous pouvez également goûter aux sucreries, les "Botchan Dango".

 

Comme vous le voyez, tout une activité touristique s'est développée sur ce thème.

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernière visite à Matsuyama : son château.

 

Jolie promenade car le château, achevé en 1627,  a été édifié sur une colline de 132 mètres. C'est l'un des rares châteaux japonais a avoir été préservé dans son état d'origine bien que certaines parties aient été reconstruites au 19ème siècle.

 

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Ce château appartenait au clan Matsudaira (dont j'ai parlé dans mon article sur Takamatsu) et il l'est resté jusqu'à la fin de l'époque d'Edo.

 

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Le donjon de trois étages a été bâti en 1820 après que le précédent de cinq étages a été détruit par la foudre. 

 

 

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Du donjon, on peut jouir d'une vue panoramique sur la ville et la Mer Intérieure.

 

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Ce château est un bel exemple de l'architecture féodale du Japon. Et c'est vraiment une belle promenade pour y accéder si vous choisissez d'y monter à pied. Les remparts sont impressionnants, on traverse plusieurs cours et portes avant d'accéder à la partie principale qui permet d'avoir un bel aperçu sur les alentours.

 

J'ai adoré Matsuyama : j'avais lu "Botchan" il y a longtemps, mais cela m'a donné envie de le relire; j'ai beaucoup aimé le château et, enfin, le Dogo Onsen est magnifique. Bon, évidemment, si vous êtes réticents à l'idée de pénétrer dans un bain public, vous manquerez l'intérieur qui vaut le coup d'oeil.

 

J'ai l'impression d'être un disque rayé à dire tout le temps "j'adore", mais sincèrement, je trouve tout très beau, très bon et très intéressant ! Et le meilleur reste à venir ! Quel teaser...

 

Oh, et j'ai oublié une chose !

 

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Comme quoi, même au bout du monde, on est rattrapé par son passé...lol

 

 

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 11:06

 

Après Osaka, nous sommes passés sur une autre île, celle de Shikoku, pour nous arrêter dans la ville de Takamatsu.

 

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P1020837Pour ce faire, d'Osaka, nous avons suivi la côte jusqu'à Kôbe. De là, nous avons pris le plus long pont suspendu du monde (près de 4 km) pour traverser le détroit Akashi et arriver sur une petite île. Ensuite, nous avons pris un second pont et nous sommes arrivés sur l'île de Shikoku.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous sommes arrivés à Takamatsu assez tard. Cette ville était le point d'entrée de l'île de Shikoku avant l'inauguration du pont Seto Ohashi en 1988 (un autre pont que nous prendrons plus tard pendant notre voyage).

 

Takamatsu est une charmante petite ville de province. Dans l'histoire, elle a connu son apogée à l'épque d'Edo (17ème - 19ème siècle), lorsque le clan Matsudaira a pris contrôle du château et des alentours. Ce clan est aussi à l'origine d'un des plus beaux jardins du Japon, mais j'en reparlerai.

 

Le lendemain matin, nous avons commencé par une balade en vélo. Nous avons traversé la ville pour rejoindre le port.

 

http://www.japan-guide.com/g/5407_01.jpgDans le centre, nous sommes passés par des arcades commerciales qui seraient les plus longues du Japon (près de 2,7 km) où se trouvent beaucoup de petits magasins et restaurants. Mais à 8h du matin, tout était encore fermé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce qui m'a amusée - euh... déprimée ?- , c'est de voir une boutique Louis Vuitton dans ces arcades. Je ne comprends toujours pas ce que les asiatiques trouvent à cette marque... Franchement, moi, je n'aurais pas envie d'avoir un sac avec plein de L et V dessus. Ou alors, la stratégie commerciale de LVMH est excellente.

 

Nous sommes arrivés au port. Le soleil brillait et la mer scintillait mais il faisait terriblement froid ! Près du port et de la gare, un nouveau centre d'affaires et commercial a été développé.

 

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Après le petit-déjeuner près du port, nous avons fait le trajet inverse pour retourner près de notre hôtel où se trouvait l'objet de notre visite à Takamatsu : le parc Ritsurin.

 

C'est l'un des trois plus beaux jardins paysagers du Japon (avec celui de Kanazawa et celui d'Okayama).

 

Il est très vaste (75 hectares). Comme je l'ai mentionné plus haut, il a été créé par les seigneurs de la ville au début du 17ème siècle et il a fallu près de 100 ans pour l'achever. Il comporte de nombeux étangs, collines artificielles, une maison de thé et intègre dans son paysage le mont Shiun en arrière-plan. C'est ce qu'on appelle la technique du"shakkei" ou "paysage emprunté".

 

Cette technique consiste à donner l'impression d'un jardin aux dimensions infinies, c'est pourquoi on utilise en dernier plan des éléments naturels distants (tels que le mont Shuin dans le cas du parc Ritsurin).

 

L'hiver n'est évidemment pas la meilleure saison pour le visiter, mais j'ai été enchantée. Bon, à la base, je suis déjà complètement sous le charme des jardins japonais; mais je donne un 20/20 sans réserve à ce jardin. C'était magnifique !!

 

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Nous avons payé un petit droit d'entrée pour pénétrer dans la maison de thé du jardin. Ai-je déjà précisé que je suis également complètement fan des maisons de thé japonaises ?

 

J'apprécie toujours l'utilisation de matériels naturels (bois, tatami, papier) et, surtout, la façon dont architecture et nature s'harmonisent. A chaque fenêtre, à chaque porte coulissante, dans chaque galerie extérieure, le paysage n'est jamais le même : un jardin zen, un étang, des pins...

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Nous avons eu droit à une tasse de thé vert et une sucrerie japonaise traditionnelle. Ai-je déjà évoqué ma passion pour le "macha" et les "wagashi" ?

 

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Nous avons terminé notre visite en grimpant sur une petit colline qui nous donnait un très joli point de vue sur une grande partie du jardin.

 

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Avant de quitter Takamatsu, nous avons déjeuné et goûté à la spécialité locale : les "Sanuki udon" (les nouilles sanuki).

 

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"Sanuki" était en fait l'ancien nom de la préfecture. Les "Sanuki udon" sont parmi les trois types de "udon" (nouilles épaisses à base de farine de blé) les plus célèbres au Japon.

 

Ce qui fait la spécificité de ces nouilles, c'est plus leur texture que la façon dont elles sont servies. En effet, comme les autres udon, elles peuvent se manger en soupe, froides, avec différentes sortes d'ingrédients.

 

Délicieux.

 

 

 

 

 

 

Rien que pour le parc Ritsurin, je recommande la visite de Takamatsu. Prochaine étape sur l'île de Shikoku : Matsuyama.

 

 

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