Le 12 février, j'ai quitté Banlung et le Cambodge pour rejoindre le Laos. Le voyage s'est passé sans heurts alors que les nombreux transferts et changements de véhicules auraient pu faire craindre quelques "couacs". J'ai payé mon trajet à la propriétaire de ma guesthouse à Banlung. J'étais un peu inquiète car je savais que j'allais devoir changer plusieurs fois de véhicules et je redoutais quelques chauffeurs crapuleux; mais non, tout s'est passé en douceur ou presque.
Vers 8 heures donc, un mini-van est venu me chercher à ma guesthouse à Banlung. Vers midi, nous avons atteint Stung Treng où l'on m'a déposée devant une guesthouse où je devais attendre un autre véhicule pour me conduire à la frontière. Vers 13h, un autre mini-van est effectivement arrivé. Deux autres étrangers étaient déjà à l'intérieur.
Vers 14h, nous sommes arrivés à la frontière. Les alentours sont vides comme vous pouvez le voir sur la photo. On franchit la frontière cambodgienne puis on doit marcher une centaine de mètres avant d'atteindre la cabane des douaniers laotiens.
Ce qui est absolument détestable, exécrable, odieux et écoeurant, c'est le racket dont nous sommes tous victimes. Des deux côtés, chaque douanier nous prélève un dollar soi-disant pour tamponner notre visa. C'est sûr que c'est fatigant de lever le bras pour mettre un tampon sur un bout de papier. Je comprends évidemment que n'ayant rien à faire de la journée, ces gens-là trouvent certainement épuisant de fournir un tel effort. Cela mérite bien un dollar pour la peine !!! J'avais lu sur internet des avertissements à ce sujet, mais que faire ? Refuser de payer ? Après tout, nous sommes en leur pouvoir. Certains vont me dire que je fais bien des histoires pour deux dollars; ce n'est pas tellement le prix mais plutôt le principe qui m'exaspère.
Bref, mes deux compagnons de voyage et moi-même sommes donc passés à la caisse et sommes passés au Laos. Là, rien. Juste un boui-boui qui vendait quelques boissons. Le couple avec qui j'étais a voulu acheter quelque chose à boire mais pas moyen : seuls les kips (monnaie laotienne) étaient acceptés. Or, nous n'avions évidemment que des dollars ou quelques riels (monnaie cambodgienne). Le mini-van qui nous avait déposé à la frontière avait promis d'appeler trois moto-taxis pour venir nous récupérer côté laotien. Nous avons attendu un long moment, rien ne venait. Aucun véhicule ne passait, aucune boutique, aucun hôtel à l'horizon. Puis, soudain, trois motos sont apparues et nous ont amenés au village de Nakasang où nous devions prendre une pirogue à moteur pour rejoindre l'île de Don Khone. Arrivés à Ban Nakasang, nos chauffeurs nous ont réclamé de l'argent. Nous leur avons expliqué que nous avions déjà tout payé (mes compagnons avaient eux-aussi réservé tout le trajet dans une agence de Banlung). Le ton montait et il était difficile de s'expliquer, nos chauffeurs ne parlant que très peu anglais. Peu à peu d'autres laotiens se sont approchés, parmi lesquels se trouvaient des gens qui s'occupent des bus et des bateaux dans le coin et qui avaient plus l'habitude de traiter avec les touristes et parlaient anglais. Après de longues discussions, l'un des hommes a appelé quelqu'un (ma guesthouse, l'agence, le mini-van ???) et il s'est avéré que tout était en ordre. Nous avons donc pu enfin monter dans une pirogue (qui était comprise dans le prix total) et sommes bien arrivés à destination. Il n'était pas loin de 17h... Cela dit, je me demande comment ils se débrouillent avec tant d'intermédiaires partout... J'ai vu que la propriétaire de ma guesthouse avait payé le chauffeur du mini-van, qui lui-même a donné de l'argent au propriétaire de la guesthouse à Stung Treng qui a tendu quelques billets au chauffeur du mini-van qui nous a conduit à la frontière.. EEt ensuite, je ne sais pas comment ils se débrouillent pour payer les moto-taxis et le bateau côté laotien mais le fait est que le système est assez bien rôdé.
Enfin, tout cela pour dire que j'ai réussi à rejoindre l'île de Don Khone. Elle fait partie des myriades d'îles situées dans cette partie du Mékong qui se divise en une multitude de bras. Ce district est appelé "Siphandone", c'est-à-dire les 4000 îles.
Le trajet en bateau était très court et à l'approche de l'île : le choc. Une mini plage où des dizaines de touristes occidentaux étaient en train de bronzer. Euh...me serais-je tromper de destination ? Suis-je sur la côte d'Azur ? En fait, l'ile Don Khone et sa voisine Don Det sont devenues des sortes de "resort bas de gamme" pour touristes. Il ne reste pas grand chose d'authentique. Par contre, ce qui est bien, c'est qu'il n'y a aucune route, seuls les vélos ou les motos peuvent circuler sur Don Khone et Don Det, de sorte que c'est très tranquille.
Comme la plupart des touristes, j'ai choisi de dormir dans un bungalow avec vue sur le Mekong. Après une journée passée dans les transports, je n'étais pas mécontente de m'allonger dans un hamac pour apprécier le soleil couchant !!! Le confort est très relatif : juste un lit, une couverture et une moustiquaire; les toilettes et la douche étant en commun. Mais, c'est également très bon marché; j'aurai l'occasion un peu plus tard au Laos de renouveler l'expérience.
Le lendemain, j'ai enfourché un vélo pour faire le tour de Don Khone et de Don Det (reliées par un pont). Les deux îles ne sont pas très grandes et une journée est largement suffisante pour les visiter.
On peut observer les laotiens à leurs occupations (baignade pour les enfants, vaisselle,...) ainsi que l'architecture locale (maisons en bois sur pilotis comme au Cambodge en fait).
On peut bien sûr profiter du Mekong qui nous entoure et des scènes qu'il nous offre (pêche, buffles,...)
Sur Don Det, il subsiste quelques anciens bâtiments coloniaux complètement délabrés. Les Français étaient partout à cette époque puisqu'ils avaient même fait construire une ligne de chemin de fer de 14 km à la fin des années 20 qui passait de Don Khone à Don Det par un pont de 150 m de long (qui existe toujours). Elle permettait de contourner cette zone où le Mekong n'est pas navigable. Aujourd'hui, de la ligne de chemin de fer, il ne reste rien, les rails ayant été démantelés.
En continuant la balade, je suis tombée sur une cascade puis un petit temple.
Mais déjà le crépuscule tombait.
Je n'ai passé qu'une journée dans les "4000 îles". J'ai rencontré plusieurs touristes qui séjournaient ici plusieurs jours voire semaines pour certains. Ils passaient leur journée à se baigner dans le Mekong ou allongés sur leur hamac. Pourquoi pas ? Mais, même lorsque je me dis que mes voyages sont toujours trop speed et que je finis "sur les rotules" après un mois; je ne crois pas être capable de partir dans un pays étranger et rester plusieurs jours dans un même lieu juste à me baigner (il faut dire que je ne suis pas très plage, à la base) et à me balancer dans un hamac. Je me classerais plutôt dans la catégorie des touristes "boulimiques" : je dévore les kilomètres, les monuments, les paysages...
Bref, une journée à Don Khone et Don Det m'a semblé suffisante. Je ne dis pas que je n'ai pas aimé, j'ai passé une journée très agréable à me balader tranquillement en vélo. Mais les paysages ne sont pas si spectaculaires que cela et l'omniprésence des touristes (on est quand même tous "coincés" sur une île; impossible donc de s'échapper) est un peu agaçante (ça, c'est mon côté misanthrope !).
