Angkor, Angkor... Je crois qu'il est difficile d'échapper à la fascination qu'exerce ce lieu sur notre imagination. Et pourtant, ce n'est pas le site que j'ai préféré pendant mon voyage dans l'ancienne Indochine. Peut-être parce qu'il manque ceux qui ont fait d'Angkor ce lieu unique : les hommes. Je ne parle pas des touristes, mais de ceux qui y vivaient, y priaient... Généralement, j'apprécie les temples autant pour l'architecture que pour la vie qui s'y déroule, les fidèles qui y font leurs dévotions... Cependant, les lieux restent magiques en dépit du tourisme de masse et je ne peux qu'inciter les gens à s'y rendre. Mais si seulement nous pouvions faire un retour de 8-10 siècles dans le temps...
Angkor a été la capitale de l'empire Khmer du 9ème au 15ème siècle avant d'être abandonnée en 1431 en raison de la multiplication des attaques de leur voisin siamois.
J'ai passé deux jours à parcourir le site d'Angkor à vélo. La plupart des beaux temples ont été regroupés dans le "petit circuit" (15 km) et le "grand circuit" (24 km), créés par la Conservation d'Angkor en 1925. Ils sont très faciles à suivre et ce n'est pas très fatigant (d'après moi qui ne suis pas sportive et ne fais jamais de vélo) car, en fait, on passe plus de temps à pied à visiter les monuments que sur le vélo. Les routes sont finalement assez tranquilles, une fois que l'on s'éloigne d'Angkor wat.
L'édifice emblématique d'Angkor est donc l'incontournable Angkor Wat (à visiter en fin d'après-midi - question de lumière). C'est le plus grand, le plus connu, le plus majestueux et le mieux conservé / restauré. Le temple a été construit en l'honneur du dieu hindou Vishnou vénéré à cette époque par le peuple Khmer.
Le temple est entouré de douves de 1,3 km de côté, larges de 190 m. On les franchit grâce à un pont avant de parvenir à un mur d'enceinte.
Une fois ce mur passé, on emprunte une autre chaussée, longue de 350 m dont les balustrades représentent chacune un naga (serpent géant). Nous avons donc le temps de contempler la façade principale du temple (en travaux lors de mon passage).
Les entrées étaient strictement réservées : celle de la tour centrale au roi, les deux voisines aux dignitaires de la Cour et celles des extrémités aux éléphants royaux. Les serviteurs devaient se contenter des entrées de l'arrière....
Les bas-reliefs sur les murs des galeries sont bien conservés mais je regrette de ne pas avoir eu de guide pour me les expliquer (c'est un peu laborieux d'avoir le nez plongé dans les guides papiers à longueur de visite).
Ces bas-reliefs représentent des scènes de mythologie hindoue, notamment des scènes du Ramayana (par exemple, des scènes de combats entre Rama, aidé de Hanuman, le général de l'armée des singes, et Ravana qui a enlevé Sita, l'épouse de Rama).
Je ne vais pas parler de tous les temples que j'ai vus, je vais me contenter des principaux car j'avoue ne pas être très originale dans mes goûts et les plus connus sont généralement ceux que j'ai le plus appréciés...
Un site à Angkor que j'ai beaucoup aimé est Angkor Thom, la ville royale. La cité d'Angkor Thom est entourée de murailles de 8 m de haut, sur 12 km. Jusqu'à 100 000 personnes y ont habité; aujourd'hui, il ne reste rien des maisons en bois et en paille (les résidences en pierre étaient réservées aux dieux).
J'ai accédé à Angkor Thom par la porte sud : une arche de plus de 20 mètres de haut, surmontée d'un mystérieux personnage à 4 visages.
Au centre d'Angkor Thom se situe Le Bayon : un étrange temple qui possède de nombreuses tours en pierre toutes ornées de 4 visages orientés vers les quatre points cardinaux. En fait, ce temple est très bizarre, de loin, il ressemble plutôt à un simple amas de pierres (c'est un temple en forme de pyramide)... puis, on s'approchant, en montant les marches, on découvre ces tours et ces mystérieux visages au sourire si serein. Et ce qui est surprenant, c'est l'effet de labyrinthe que l'on ressent : on s'y perd même s'il n'est pas très grand.
Le Bayon est également célèbre pour ces bas-reliefs; certains relatent les exploits sanglants de l'armée angkorienne contre les Chams, d'autres témoignent de la vie quotidienne des Khmers du 12ème siècle.
Tout près du Bayon, se situe le palais royal (dont il ne reste pratiquement plus rien) ainsi que la terrasse des Elephants (350 m de longueur) d'où le roi et ses courtisans assistaient aux spectacles donnés sur la grande place. A côté, se trouve une autre terrasse plus petite (la terrasse du Roi Lépreux), avec de très délicats bas-reliefs qui représentent diverses divinités ainsi que des concubines.
Après quelques temples plus mineurs, je me suis arrêtée au Ta Phrom que j'ai adoré. C'était l'un des plus grands temples d'Angkor où servaient plusieurs milliers de personnes et où les dignitaires utilisaient de la vaisselle en or... Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Des galeries envahies par les racines, des murs écroulés sous le poids des branches, ... Mais, je pense que c'est peut-être pour cela que nous sommes tous fascinés par ce temple : le spectacle de l'emprise de la nature est tout à fait étonnant.
Je n'ai aucune sensibilité artistique; donc désolée pour mes photos très banales; par contre, je suis persuadée que les amateurs de photographie se délectent lorsqu'ils arrivent à Ta Phrom.
Le lendemain, j'ai terminé le petit circuit et poursuivi avec le grand. Après avoir vu Angkor Wat, le Bayon et Ta Phrom, on peut croire qu'il est difficile d'être impressionné par les autres temples. Et pourtant, je n'ai pas été déçue de ma journée, bien au contraire. J'ai ainsi beaucoup apprécié le Banteay Key, vaste monastère bouddhique entouré d'une enceinte et orné de très beaux bas-reliefs et de piliers sculptés.
Ensuite, j'ai fait une pause au Neak Pean, unique en son genre. Il s'agit d'un ensemble de 5 bassins carrés et d'un sanctuaire qui se dresse sur un îlot au centre du plus grand. Les pélerins venaient ici s'asperger d'eau sacrée.
Plus loin, le Ta Som est un petit temple oublié des touristes. Englouti par la forêt, il est connu pour la tour à visages de son entrée ouest et surtout la porte à l'entrée opposée prisonnière d'un énorme banian. On se demande s'il la détruit ou la soutient.... Ils ne font plus qu'un, inextricablement liés pour le meilleur et pour le pire.
J'ai enfin succombé au charme du Preah Khan ("l'Epée sacrée du roi"). A vrai dire, je me demande si mon temple préféré n'est pas celui-ci. Il était pratiquement désert quand j'y suis allée. On a l'impression de devenir un explorateur surtout que la végétation est très présente et a envahi une partie de l'édifice. Entourée par le silence, dans un cadre exceptionnel, l'atmosphère y était très particulière.
Certains se contentent des trois sites principaux d'Angkor, d'autres y passent une semaine. Moi, j'ai choisi d'y rester deux jours. Je suis contente de ne pas m'être contentée du petit circuit car, effectivement, le grand circuit m'a étonnemment plu. Je crois que c'est en partie lié à la quasi absence de touristes; ce qui influence considérablement l'atmosphère. Je sais que je n'ai vu qu'une petite partie des trésors d'Angkor mais, en même temps, trois jours d'affilée ou plus me semblaient un peu trop. Je craignais que mes sentiments d'émerveillement ne finissent par s'émousser. Je reste donc un sur un formidable souvenir d'Angkor.