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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 15:35

Nous sommes parvenus à Vigan vers 13h. Nous sommes descendus près du centre historique où se trouvait notre hôtel où nous avons déposé nos bagages. Nous sommes partis à la recherche d'un restaurant pour déjeuner puis de la gare routière pour nous renseigner sur les horaires.

 

Après quelques minutes de marche, j'ai été frappée par l'absence d'activité : pas de touristes, la plupart des boutiques et restaurants fermés, de même que certains petits musées ou maisons visitables. La ville m'a non seulement semblé endormie mais même morte.

 

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J'ai également été déroutée par le manque d'entretien des bâtiments. Je m'attendais à un centre historique important, mais nous avons vite découvert qu'une seule rue avait vraiment de l'intérêt. Or, même dans cette rue, les murs étaient décrépis, les portes et fenêtres en bois remplacées parfois par du métal, les toits de tuile par de la tôle Décidément, les sites inscrits à l'Unesco aux Philippines me semblent en grand danger. Je me demande si c'est pour cette raison que les visiteurs sont si peu nombreux dans cette ville ou si nous sommes tombés dans une période touristique creuse.

 

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Vigan m'a fait penser à la très touristique Hoi An au Vietnam. Certes, j'avais détesté la quantité de touristes, surtout que 90 % d'entre eux étaient français; cependant, Hoi An offrait un véritable mélange de styles architecturaux, ainsi que plusieurs temples et jolies maisons à visiter. Vigan, à côté, fait figure de parente pauvre, désargentée, mal fagotée, au maquillage qui a dégouliné.

 

Mais revenons aux origines de la ville.

 

En 1572, le conquistador Juan de Salcedo a fondé sur un ancien village une ville conçue comme un comptoir commercial (le plus au nord des Philippines à cette époque-là).

A la fin du 17ème siècle, une nouvelle forme d'architecture est née, qui alliait la construction traditionnelle avec les techniques de construction en pierre et bois introduites par les Espagnols. Les frères augustins ont introduit la brique pour leurs églises et leurs bâtiments.

 

Le fleuve Mestizo a joué un rôle central dans le développement de la ville du 16ème au 19ème siècle : son delta pouvait accueillir les grands navires tandis que des petites embarcations assuraient la navette avec l'intérieur des terres. Il n'est toutefois plus navigable aujourd'hui en raison de l'ensablement qui, en outre, fait que la ville n'est plus une île.

 

En tant que principal centre commercial de la région, Vigan entretenait des liens commerciaux directs avec la Chine. En tant qu'escale dans le commerce par galion entre Manille et Acapulco, qui a duré pendant toute la période coloniale espagnole, elle fournissait des marchandises qui traversaient le Pacifique à destination du Mexique puis de là gagnaient l'Europe en traversant l'Atlantique. Ces liens commerciaux ont favorisé des échanges constants entre les peuples et les cultures Ilocanos (nord des Philippines), philippins, chinois, espagnols et (au 20ème siècle) américains du nord.

 

Aujourd'hui, ces échanges et mélanges sont perceptibles dans l'architecture locale.

 

Les bâtiments étaient conçus avec un rez-de-chaussée servant de local professionnel tandi que l'habitation est située à l'étage supérieur; témoignage de l'influence chinoise où les commerçants vivent et travaillent sur le même lieu. Les rues à Vigan sont (ou plutôt étaient) donc bordées d'échoppes.

 

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Le rez-de-chaussé était construit en pierre alors que l'étage supérieur était en bois. Ici, on reconnaît le style traditionnel philippin des petites cases d’une pièce construites en matériaux légers tressés (bois, bambous et paille) et reposant sur pilotis pour la ventilation et la protection contre les inondations de la mousson. A Vigan, ce type de structures  n'existe plus. Seules les maisons à fondation plus solide subsistent. Certaines habitations étaient en pierre ou en brique sur les deux niveaux. Les toits sont à forte pente et recouverts de tuiles - influence chinoise là encore.

 

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Ce que j'ai trouvé particulièrement intéressant et unique, c'était les fenêtres. En effet, le premier étage est percé de panneaux coulissants au cadre de bois où les vitres nâcrées ont été préférées au verre. Le "capiz" est un coquillage qui a été utilisé à l'époque pour la fabrication de fenêtres, notamment, puisqu'il s'agit d'une nâcre moins chère que le verre mais suffisamment solide pour résister à la pluie et aux typhons.

 

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Même dans les rues non touristiques, on retrouve des témoignages vivants de cette architecture.

 

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Nous avons visité le seul musée que nous ayons trouvé ouvert, celui de Crisologo. Il s'agit en fait de la demeure ancestrale de la famille Crisologo, très importante sur le plan politique dans la région au début du 20ème siècle. D'ailleurs, la rue principale a été baptisée d'après eux. Le rez-de-chaussée montre différentes photos et objets personnels de la famille ainsi que des photos; le premier étage expose des meubles de l'époque coloniale.

 

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Nous avons également profité de notre après-midi pour visiter la cathédrale Saint Paul. Elle a été construite en 1574 après l'arrivée de Salcedo; puis elle a été rebâtie dans le même style que celle de Paoay, avec une structure imposante et des murs épais après qu'elle a été endommagée par deux tremblements de terre au 17ème siècle.

 

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Le soir, alors que nous cherchions un restaurant, nous avons soudain vu dans les rues quelques dizaines de touristes. Je me demande où ils s'étaient cachés dans la journée. Peut-être faisait-il trop chaud... Nous nous sommes tous retrouvés dans le seul boui-boui ouvert, le Cafe Leoona. Le service n'y était pas terrible et la cuisine encore moins tentante, mais il fallait bien se nourrir. Il faut dire qu'ils n'avaient pas à se forcer puisque les touristes affluaient de toute façon.

 

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Décidément, je ne comprends pas ce qui se passait dans cette ville lorsque nous y sommes allés. Pourquoi si peu de sites et restaurants étaient ouverts ? Même si le soir on a aperçu des touristes, où étaient-ils dans la journée ? Les quelques échoppes dans les rues touristiques ne vendent que des souvenirs de mauvaise qualité et, en plus, elles plient boutique très tôt.

 

Cela dit, ne le prenez pas comme une plainte. C'est plus qu'appréciable d'échapper aux touristes de temps en temps. En plus, on pourrait dire que si les touristes ne sont pas très nombreux, la ville garde de son authenticité; mais c'est trop tard, de toute façon et vue son état, le développement du tourisme pourrait lui apporter les financements qui lui manque pour son entretien.

 

Pour finir, deux images qui ont retenu mon attention.

 

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La première est celle d'une maison kitchissime couverte de pères Noël. Elle en avait une bonne quinzaine, certains à l'entrée, d'autres accrochés sous le toit, d'autres sur le toit. Ca aurait pu être une jolie maison, pourtant....

 

L'autre image est celle de panneaux signalant que les mineurs sont soumis à un couvre-feu entre 23h et 4h et qu'il leur est interdit de traîner dans les rues pendant ces heures-là.  Je me demande pourquoi. Vigan m'a fait l'effet d'une petite ville provinciale très paisible.... A moins qu'il ne s'agisse d'une loi générale au pays.

 

Mon copain et moi comptions passer un après-midi et une matinée à Vigan, mais comme le centre historique s'était révélé plus petit que nous ne le pensions, nous avons changé nos plans et décidé de gagner un peu de temps en partant plus tôt le lendemain. Notre but était de gagner les rizières en terrasse en montagne, ou à défaut un village sur cette route. D'après notre guide, nous en avions bien pour une journée, et encore si nous pouvions attraper les bus en temps voulu. Un long voyage en perspective, mais croyez-moi, le meilleur était à venir !

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