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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 16:33

Après une bonne nuit de repos, nous étions dehors à 6h30 à la recherche d'une jeepney pour nous rendre à Sagada, le village que nous avions repéré sur notre guide à une heure de Bontoc.

 

Nous avions trouvé le lieu mais pas de jeepney en vue. Les Philippins à qui nous demandions nous répondaient à chaque fois "tout à l'heure". Finalement, après 7h, nous avons réussi à monter dans la première qui s'est présentée. La route était en lacets mais assez bonne, le trajet d'une petite heure s'est passé dans la brume.

 

Le "village" est plutôt une petite ville avec une forte concentration de touristes, notamment français. D'ailleurs, à Banaue, l'après-midi et le lendemain, nous n'avons pas cessé de croiser des Français. Je me demande pourquoi. Je n'ai pas l'impression que les Philippines soient une destination si prisée par les Français. De toute évidence, il s'agissait de petits groupes ou d'individuels. Je pense qu'ils venaient de Chine comme moi. Après tout, Hong-Kong et la Chine accueillent un grand nombre d'expartriés français et comme c'était le moment des vacances du Nouvel An chinois, il est très probable qu'ils aient envisagé les Philippines - tout comme mon copain et moi - qui ne sont qu'à 2 heures d'avion de Hong-Kong. Tout de même, je suis curieuse de savoir pourquoi tant de Français dans les montagnes, alors que sur l'île de Palawan, Vigan ou Manille, je n'ai pratiquement pas entendu parler français. Enfin, puis-je critiquer quand j'étais là moi-aussi ?

 

C'est juste que beaucoup de Français dans un même endroit... Non, mais sérieusement. Entre ceux qui se la jouent "hippie" - genre pantalons bouffants, dreadlocks ou cheveux longs et huileux - à la recherche de l'âme profonde des Philippines; ceux qui se la jouent "aventurier-découvreur de civilisation" - genre j'ai tout vu, voyagé partout, et même si je ne parle pas une langue, de toute façon, je peux communiquer avec les habitants, tout connaître de leur culture car nous nous comprenons, le langage du coeur est universel; il y a également ceux qui se la jouent  "voyager, ça va bien deux minutes, mais à quand la pause qu'on s'enfile une bonne bouteille ou un bon repas" - comportement assez typique du touriste occidental (j'ai entendu beaucoup de Français mais plus à la terrasse des restaurants que sur les sentiers); il y a les "radins", bien sûr, défaut intrinsèque au touriste français paraît-il (dont, en toute honnêteté, je suis mais pas mon copain ce qui rattrape les choses dans mon cas personnel !) - genre "comment je négocie super bien, le mec, il a pas compris; s'il croit que j'allais payer 1 euro pour 2 heures de transport ! Non, mais oh, faut pas exagérer !"; certains enfin se la jouent "dédaigneux" (dont j'ai l'air de faire partie parfois, quand je relis mon blog) - genre "vraiment, ce n'est pas terrible, tout ce chemin pour ça ! Et puis, tu as vu ces gens ! Et la propeté ! Oh mon dieu, ce n'est pas la France !".

 

Bref, choc à Sagada. D'où sortent tous ces Français ? Où étaient-ils cachés ? J'ai pris mon meilleur accent anglais, du coup, pour essayer de passer incognito !

 

A Sagada, il est recommandé de prendre un guide, mais ça ne vaut le coup que si vous descendez dans les grottes ou faites de longues randonnées, à mon avis. Mon copain, voulant suivre les règles, a préféré que nous en prenions un alors même qu'avec la carte, nous aurions pu tout faire nous-mêmes. D'autant que nous ne restions qu'une matinée et que nous n'allions pas nous éloigner du village.  En plus, les guides ne sont pas très qualifiés. En tout cas, celui que nous avions n'avait pas grand chose d'intéressant à raconter, c'était plus de l'ordre de la description ("là, il y a de belles fleurs" ... euh, merci pour cette brillante info) que de l'explication.

 

Quand on voit l'expression "village de montagne", on s'attend à un site un peu bucolique avec de jolies maisons traditionnelles et tout ça. Euh... dans ce cas-là, passez votre chemin. Le village de Sagda n'est pas beau à proprement parler, cela dit l'endroit a du charme. Qui dit montagne, dit beauté et nature de toute façon. En plus, vers 9h, la brume s'est soudain dissipée pour laisser place à un soleil éclatant.

 

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Nous avons quitté le centre, sommes passés près de l'église, avons traversé le cimetière pour arriver à l'Echo Valley d'où nous avions une belle vue sur le village et les paysages alentours

 

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De ce point de vue, nous avions surtout un bel aperçu sur les... cercueils suspendus !

 

Et oui, Sagade est connue pour les cercueils suspendus à ses falaises calcaires ou cachées dans ses grottes.

 

Notre guide était incapable de répondre à nos questions. Selon lui, la pratique de suspendre des cercueils n'existe que depuis 200 ans seulement  (!) car le village n'a possédé un cimetière qu'à partir de 1912. Son explication signiferait donc plus ou moins qu'il s'agissait de chrétiens et d'une tradition chrétienne;  Mais pourquoi les suspendre ? Ce n'est quand même pas une tradition espagnole, que je sache ! Du coup, nous lui avons demandé s'il ne s'agissait pas plutôt d'une coutume traditionnelle liée à d'autres croyances. Mais il n'a pas eu l'air de le confirmer. Nous avons alors posé la question autrement et avons voulu savoir pourquoi suspendre les cercueils et pas les enterrer ? Là,  non plus pas de réponse claire. Non, mais allô ? (même de Chine, je sais ce qui fait le buzz en France !) Un guide qui n'est pas capable de répondre à des questions basiques comme celles-ci ? Vous comprenez donc mon manque d'enthousiasme à recommander les guides de l'office du tourisme...

 

A notre retour, j'ai fouillé sur internet pour tenter de répondre à nos questions. Au cours de mes recherches, j'ai découvert qu'en Chine, également, cette pratique existait. Décidément, que ne trouve-t-on pas en Chine ?

 

En ce qui concerne les Philippines, il semblerait que cette coutume soit vieille de 2000 ans et unique à Sagada. A mon avis, notre guide voulait dire que les plus vieux cercueils retrouvés avaient dans les 200 ans, ce qui ferait plus sens. On imagine en effet que la détérioration et leur position précaire expliqueraient la disparition des plus anciens cercueils.

 

Cette pratique était coutumière à certaines tribus de la région. Les montagnes étaient des lieux sacrés par excellence, et suspendre les cercueils permettaient de rapprocher l'âme des morts du paradis (ou d'empêcher que les corps ne soient dévorés par les bêtes). Les chrétiens de Sagada ont également choisi ce mode de funérailles jusqu'à la construction du cimetière. Toutefois, cette tradition a perduré.


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Sur la falaise de Sugong, plus près du village, sont accrochés d'autres cercueils, dont l'un sur lequel repose un crâne et quelques os (je me demande si c'est pour les touristes...).

 

 

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Un peu plus loin, un sentier descend vers la grotte de Lumiang où sont empilés une centaine de cercueils. Si suspendre les cercueils rapprocherait du paradis, les placer à l'entrée d'une cave permettrait aux âmes de voir la lumière et de pouvoir ainsi être guidées plus facilement vers le paradis.

 

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Certains cercueils sont vraiment petits pour des adultes mais c'est parce que les morts étaient mis en position foetale pour symboliser un retour à l'état originel. Plus tard, en raison de l'influence chrétienne, les corps étaient allongés, les cercueils étaient donc plus grands.

 

Certains cercueils sont ornés de motifs, notamment d'un gecko - un lézard - symbole de prospérité et de longévité.

 

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J'ai été profondément choquée lorsque le guide nous a proposé de jeter un coup d'oeil par les fentes d'un cercueil pour voir les restes d'un malheureux. Je suppose que certains touristes ne se gênent pas, mais si en plus les guides les encouragent ! Un peu de respect quand même ! Je n'en reviens toujours pas qu'il nous ait dit ça. Il va de soi que ni mon copain ni moi n'ayons accepté sa proposition.

 

 

Nous avons regrimpé la pente. Entre les arbres, nous pouvions apercevoir d'autres falaises avec d'autres cercueils (le truc long et marron un peu plus haut que le milieu de la photo)

 

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Derniers points de vue sur les alentours.

 

 

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La jeepney qui devait partir à 11h a démarré vers 10h30. Heureusement nous débouchions sur la place à ce moment-là et comme il n'y avait plus de places à l'intérieur, nous sommes descendus à Bontoc sur le toit du véhicule. Si le soleil brûlait la peau, le vent était par contre bienvenu pour nous rafraîchir.

 

En redescendant vers Bontoc.

 

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Arrivés à Bontoc un peu avant midi, nous avons filé à notre pension récupérer nos affaires, puis nous sommes montés dans le premier véhicule en partance pour Banaue, en l'occurrence une sorte de mini-van que nous avons partagé avec d'autres passagers.

 

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La route vers Banaue et notre arrivée dans ce haut lieu touristique fera l'objet d'un prochain article.

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commentaires

M
Cette curieuse tradition des cercueils suspendus ou placés dans des grottes n'est pas sans faire penser à des pratiques funéraires traditionnelles de certaines ethnies malgaches, notamment chez les<br /> Baras du centre de l'île (http://recitdevoyage.free.fr/madagascar/ouest.htm#retournement) ou chez les anciens Vazimbas établis dans l'ouest<br /> (http://recitdevoyage.free.fr/madagascar/s-ouest.htm#manambolo).<br /> Peut-être pas aussi étrange que cela quand on sait que pour une large part le peuplement de Madagascar s'est fait à partir de populations austronésiennes venues de l'autre extrémité de l'Océan<br /> indien...
Répondre
M
<br /> <br /> C'est sans doute une piste, effectivement...<br /> <br /> <br /> <br />